FUKUSHIMA DAIICHI, pollution marine,

Les évènements rapportés le 5 avril 2011 à 6h, heure de Paris & addendum le 6 avril.

 
 Depuis une dizaine de jours les réacteurs et les piscines sont maintenus dans un état stationnaire.
Pendant ce temps, TEPCO et les autorités Japonaises ne cessent de se démener pour trouver une solution pour récupérer l'eau très fortement contaminée qui s'échappant des réacteurs s'est écoulée dans les bâtiments turbines et dans les galeries extérieures. La très forte radio-activité 1 Sv/h ne rend pas la tâche aisée.
 

 

¤ De l'eau chargée en I131 à 2,1.105 Bq/cm3 et Cs137 à 1,8.106 Bq/cm3 dans le bâtiment turbine n°1 est pompée dans la cuve de stockage du condenseur. L'eau qui remplit presque complètement la galerie extérieure de cette tranche est de l'eau du tsunami, faiblement polluée qui sera transférée dans d'autres cuves.
¤ De l'eau qui remplit partiellement les bâtiments turbine et les galeries des tranches n° 2 et n° 3 est fortement polluée, à 1000 mSv/h. TEPCO veut l'évacuer aussi dans les cuves des condenseurs, mais sur les tranches 2 et 3 ces cuves sont déjà remplies
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 Des traces de plutonium sont relevées sur le sol autour de la centrale mais à un niveau équivalent aux retombées radioactives des années 1950-1960 et donc sont considérées comme un dommage mineur.
TEPCO relève des taux de pollution très important dans l' eau de mer au voisinage des évacuations sud de la centrale. De 1250 fois les niveaux de radioactivité autorisés le vendredi 25 elle était de 1800 fois le samedi 26, révélant ainsi une fuite. Il est supposé que cela provient des galeries. Le génie civil a été endommagé pendant le séisme et il faut s'attendre à des fissures. Lorsque l'eau trouve son chemin dans le sol, elle creuse son passage et le taux de pollution ne pourra que s'aggraver. C'est bien ce qui se passe, ces niveaux vont progressivement augmenter dans la semaine qui suit: plus de 2000 fois, puis 3000 fois, puis 4000 fois. La situation devient vraiment grave. A 20km au sud de la centrale, là où porte le courant, des mesures qui excèdent le taux autorisé sont relevées.

 

 

 

TEPCO a préparé une suite de transfert de cuve en cuve d'eaux plus faiblement polluées pour libérer les cuves des condenseurs 2 et 3 pour y mettre les eaux les plus fortement polluées.

 TEPCO réalise ces transferts mais faire les branchements nécessaires prend du temps et pendant ce temps la pollution s'aggrave. Finalement, le dimanche 3 avril la fuite semble identifiée car le génie civil est fissuré en extrémité d'une galerie de passage de cables, en vis à vis d'un puits d'accès, et à proximité passe un égout. Cet égout mène directement à la mer. TEPCO va donc s'essayer à obturer cette fuite.

 

 

 

 

 Les tentatives d'obstruction échoueront, et TEPCO doit se rendre à l'évidence, il doit exister dans le génie civil d'autres fissures et d'autres passages d'eau. De plus la complexité des réseaux ne facilite pas la tache. Une nouvelle tentative d'obstruction avec une nouvelle méthode est programmée ce mardi 5 avril
Les réacteurs continuent de recevoir de l'eau douce. Des barges de l'US Navy assurent le réapprovisionnement régulier. Bien que les injections soient réduites au minimum, l'eau continue de sortir par des fuites et d'alimenter le chemin vers la mer.

 TEPCO se rend compte aussi qu'il n'y a pas assez de capacités d'entreposage d'eaux polluées sur le site pour mener à bien toutes les opérations et que le délai pour installer de nouvelles capacités n'est pas compatible avec l'urgence. C'est avec beaucoup d'amertume et de regrets que TEPCO prend la décision de vider à la mer des eaux faiblement polluées (x100 fois le niveau max admis) chargées principalement en iode et césium. C'est avec une profonde détresse que TEPCO l'annonce. Le lundi 4 avril 1000 tonnes et 1600 tonnes de deux cuves sont rejetées à la mer. Ce rejet provoque la rancoeur des marins-pêcheurs.

 

 

 Les piscines continuent d'être alimentées en eau. Une aspersion d'eau par une canne d'injection béton est prévue sur le n°1.
Les faibles pression sur les réacteurs 2 et 3 sont dues à des  fuites de vapeur sur des vannes, soupapes, etc. qui ont perdu leur étanchéité suite aux fortes montées en températures. Les faibles pressions de ces réacteurs ne proviennent pas de fissures.

 

 
 Huit balises de détection de radio-activité autour de la centrale ont été remises en service. La lumière est partiellement remise dans les bâtiments turbine n°1 et 4.
De l'eau stagnante du bâtiment central de traitement des déchets radioactifs est transférée dans les cuves au n°4.

 

 

Le Président de TEPCO a déclaré que la situation reste actuellement difficile avec les difficultés rencontrées et que la mise en sécurité complète de la centrale va encore demander beaucoup de temps et d'efforts.
La planification des opérations de remise en route des refroidissements est faite et va demander de nombreuses semaines, voire plusieurs mois préviennent les autorités, tant la tache est complexe et les dégâts des installations sont importants. De plus, il faut préparer de nouveaux circuits de refroidissement.

 La semaine dernière aura vu les médias japonais s'intéresser à plusieurs personnalités françaises en visite:

Carlos Ghosn venu constater les dommages du séisme dans l'une des usines Nissan et rassurer les salariés sur la volonté de rendre l'usine rapidement opérationnelle.
Anne Lauvergeon pour le soutien d'AREVA et répondant à la demande japonaise en dépollution et retraitement. Cinq spécialistes sont mis à contribution, et la presse a annoncé une demande supplémentaire d'une vingtaine de personnes.
 

 

 Nicolas Sarkozy qui a rencontré le premier ministre Naoto KAN et qui a déclaré que les conséquences de Fukushima concernent toutes les nations.
Nathalie Kosciusko-Morizet venue dans le sillage du président et qui est allée ensuite visiter les sinistrés du séisme dans la région de Sendaï. Elle a promis le soutien de la France dans le domaine de l'agriculture.

 Les rizières sont tellement endommagées par le Tsunami qu'en certains endroits, la terre a été emportée.

Les zones faiblement contaminées par les rejets atmosphériques continuent d'être vérifiées. Les niveaux de radio-activité ont déjà fortement diminués. L'eau est potable partout sans restrictions pour les nouveaux-nés, y compris dans le village de Li-Tate en dehors de la zone d'exclusion où la pluie avait rabattu une pollution atmosphérique.

 

 

Il faut noter que le changement d'année scolaire se fait début avril au Japon, et que c'est toute une population d'élèves qu'il faut réorganiser en termes de locaux, de professeurs, de classes, etc. Les distributions des prix de fin d'année ont été reportées dans les régions sinistrées, et là où c'est possible, tout est fait pour que la vie reprenne son cours.

 

Le bilan du séisme est lourd, et le chiffre définitif est loin d'être atteint, les disparus non encore répertoriés étant nombreux dans beaucoup de villes côtières laissées pratiquement sans survivants. Ce sont 12259 corps dont 80% sont identifiés, parmi lesquels deux travailleurs de Fukushima dont les corps ont été retrouvés le 3 avril dans les soubassements du bâtiment turbine n°4 et qui étaient portés disparus depuis le 11 mars. Ce sont aussi 15315 disparus qui ont été déclarés à ce jour.
Il y a encore 161 000 personnes dans les centres d'hébergement. Une centaine de personnes continuent de refuser de quitter leur domicile dans la zone d'exclusion autour de la centrale, dont un anti-nucléaire!

La région de Tokyo enregistre 25% de chômage technique suite aux dommages du séisme et aux conséquences. Il y a des coupures de courant programmées. Les carburants manquent à cause des raffineries endommagées.

ADDENDUM le 6 avril:

Le mercredi 6 avril, à 5h38, heure locale, TEPCO a finalement stoppé la fuite en perçant 8 trous en amont et en introduisant 6000 litres de silicate de sodium, Na2SiO3, souvent dénommé verre liquide, de consistence visqueuse. TEPCO recherche d'autres fuites possibles.

TEPCO va injecter de l'azote dans les réacteurs 2 et 3.