Quand
Batut commença à penser à la photographie
aérienne par cerf-volant, il s'agissait d'un monde
inconnu. Il est entré dans cette aventure comme un
pionnier. A chaque pas, il devait créer les outils
qui seraient les plus appropriés. Non seulement la
combinaison entre le design du cerf-volant, les caractéristiques
techniques de l'appareil photographique, le traitement de
développement, et le vol du cerf-volant devait aboutir,
mais dans chaque secteur de sérieuses possibilités
techniques devaient être améliorées.
Pour
cette invention, les principaux ingrédients nécessaires
étaient:
CERF-VOLANT:
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un cerf-volant
une ligne
une méthodologie
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PHOTOGRAPHIE |
un appareil
un film
un déclenchement
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LE DÉFI.
Dans les années 1880's beaucoup
de photographies aériennes à partir d'ascensions
humaines en ballon n'étaient pas réussies.
La photographie aérienne par cerf-volant était
encore plus hardie.
A l'exception d'un unique
cerf-volant créé deux années
auparavant, les caractéristiques des cerfs-volants
connus ne convenaient pas.
Les lignes étaient
lourdes et peu fiables. Il fallait les sélectionner
avec rigueur. Le fil d'acier était utilisé
mais nécessite un dévidoir spécial
et ne pouvait facilement être manipulé et déplacé.
Il n'y avait non plus aucune méthodologie
de vol et les applications scientifiques venaient de
se répandre seulement quelques années plus
tôt.
Les chambres photographiques
étaient lourdes, les obturateurs trop lents et les
émulsions photographiques pas assez sensibles. Les
objectifs avaient un faible angle de vue. Les objectifs
avec un grand angle de vue n'ouvraient pas suffisamment.
Les systèmes de retardateur
devaient être adaptés. La plupart des solutions
nouvelles, électriques, minuteries étaient
lourdes.
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- CERF-VOLANT
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A.
Batut a repris toutes les cerfs-volants disponibles
et après réflexion a choisi le
"cerf-volant sans queue", de J. Esterlin.
Le
plan avait été publié le
28 février 1887 dans le magazine
hebdomadaire La Nature . C'est un cerf-volant
losange arqué.
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A. Batut l'a
personnalisé. L'ossature a été allégée;
même s'il vole sans queue, A. Batut a ajouté
une queue à papillottes pour modérer
les mouvements de l'appareil. A. Batut l'a aussi fait voler
en train. Les dimensions sont 2,5 m en hauteur, 1,75m en
largeur, et il pèse 1, 8 kg. D'abord fait en papier,
le cerf-volant a ensuite été fabriqué
en tissu. Quand il a été créé
le cerf-volant en losange d'Esterlin donnait un angle plus
élevé, une meilleure traction, et une stabilité
meilleure comparé aux autres cerfs-volants. C'était
le meilleur cerf-volant avec les qualités requises
pour l'aérophotographie, donnant à A. Batut
les meilleures chances de réussir.
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Dans les pays Européens et Américains,
la création de J.Esterlin était le premier cerf-volant
moderne et le premier cerf-volant avec dièdre. Plus tard,
en 1891, Eddy (USA) a commencé à essayer un cerf-volant
sans queue et après avoir vu le cerf-volant de Malaisie,
aboutit à l'Eddykite en 1884. Woglom (USA) a étudié
les cerfs-volants orientaux et ensuite, s'en inspirant, a conçu
le cerf-volant arqué et sans queue, le Parakite, qu'il utilisait en train. Plus
tard le Levitor de Baden F. S. Powell (Angleterre) et le cerf-volant
cellulaire de Hargrave (Australie) furent créés.
Les silhouettes des cerf-volants losanges ci-dessus
ont tous la même hauteur de mat.
Sur le cerf-volant d' Esterlin, voir l'article
de P. Mazieres dans le NCB n° 137 sorti en 2007. |
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LIGNE
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- A. Batut recommendait une ficelle
de chanvre. Il choisit la plus légère avec
une résistance suffisante, Ø 3.5mm. Il a aussi
conçu et recommandé un dévidoir en
bois pour une facilité de manoeuvre.
- Il plaça un élastique
entre la bride et la ligne pour amortir les poussées
des rafales sur le cerf-volant. Il utilisait une olive en
bois pour un accrochage rapide de la ligne.
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A. Batut n'ignorait pas l'utilisation de fil d'acier préféré
par plusieurs utilisateurs de cerfs-volants pour des expériences,
et en particulier en France pour les expériences d'électricité
dans les nuages. mais il ne le recommandait pas car "un
tel fil est comparable à une lame tranchante, capable
de causer les plus graves blessures en cas d'accident"
Note: La ligne et l'élastique suppriment la
plupart des vibrations qui sont inévitables avec le fil
métallique. |
- MÉTHODOLOGIE
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- Il y a plusieurs détails
dans la manière de procéder d' A. Batut qui
laissent voir qu'il l'avait soigneusement imaginée
et organisée. Regardons-en quelques uns.
- - enregistrer
l'angle d'attaque du cerf-volant.
- - manière
de lancer le cerf-volant par vent calme
- - aller plus
haut avec un second cerf-volant
- - enregistrer
la hauteur du cerf-volant avec la photographie de l'aiguille
d'un baromètre anéroide.
- - comment se
positionner pour atteindre son sujet?
- - comment stabiliser
le cerf-volant au déclenchement? (voir ci-contre)
- - déployer
une bande de papier pour savoir quand le déclenchement
se produit.
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A. Batut donne une description
complète avec tous les détails de sa méthodologie
dans son livre publié début 1890:
La photographie aérienne
par cerf-volant.
Il explique comment réaliser
un aterrissage sécurisé.
Il rapporte comment vérifier
le temps de retardement du déclenchement et "marcher
dans le même sens que le vent avec une vitesse suffisante
pour que le cerf-volant ait une tendance à descendre.
Dans ces conditions, il retrouvera la stabilité nécessaire
à l'obtention d'une épreuve."
Il a aussi fournit des informations
mises à jour dans un article publié dans La
Nature, en janvier 1897.
- Note: A cause de la ligne et de sa facilité
à l'accrocher, il était facile de se déplacer
pour re-cibler la photo et compenser les changements de
vent.
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- APPAREIL PHOTOGRAPHIQUE
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A. Batut a fabriqué
une chambre à la fois légère et rigide.
Il a décrit comment la faire.
L'objectif était
un aplanat Steinhell de 166mm de focale utilisé à
son ouverture maximale. Il donnait peu de déformation.
Batut l'a placé à l'intérieur
de la chambre, le protégeant ainsi complètement.
Le problème
principal était la vitesse d'obturation. La plupart
des appareils avaient des vitesses entre 1/10ème
à quelques secondes. Durant cette période
sont apparus les "instantanés" qui étaient
des photos prises à des vitesses supérieures,
de 1/10 au 1/50s. Seulement des appareils spéciaux
avaient des vitesses allant du 1/100 au 1/150 s cependant
les mesures des fabricants n'étaient pas fiables.
Arthur Batut
a surmonté le problème en concevant, fabriquant
et testant lui-même l'obturateur. Il était
placé à l'extérieur de la chambre devant
l'objectif. Tout autre solution avec une vitesse inférieure
au 1/50s ne pouvait donner que des photos bougées.
Dans les années
1890, il y a eu des améliorations considérables
dans l'industrie photographique avec des surfaces nettement
plus sensibles. De ce fait de nouveaux obturateurs ont été
construits avec des vitesses jusqu'au 1/250 s.
A partir de
là, Batut a amélioré son équipement
et utilisé un obturateur rotatif. Il a aussi modifié
la suspension de l'appareil.
Voici deux reproductions
montrant l'appareil et son évolution. La supérieure
de son livre sorti en 1890 et l'inférieure de son
article dans La Nature en janvier 1897.
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Première
conception de l'obturateur par Batut
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Les améliorations
de Batut
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- PLAQUES / FILM
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Les surfaces
photographiques n'étaient pas très sensibles.
A part les plaques en verre, l'émulsion pouvait être
appliquée sur du papier, ou sur des plaques souples..
A. Batut
a utilisé les deux. Les plaques souples sont plus
légères que les plaques en verre, mais il
était plus difficile de les maintenir plates. Batut
les fixait sur le fond de la chambre avec des bandes collées.
La plupart
des photographes développaient eux-mêmes. Batut
était un fin photographe avec une bonne expérience.
Il savait en obtenir le meilleur.
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La faible sensibilité des
émulsions nécessitait des poses longues. La
plupart des épreuves étaient sur plaques de
verre, certaines sur plaques souples ou directement sur
papier. Le film en bande n'était pas encore utilisé.
George Eastman a créé ses plaques souples
en 1880 and le film en 1885. A cause de la technique,
il n'y avait pas d'agrandissement, et ainsi, les dimensions
de la chambre et de l'épreuve étaient grandes.
Il doit être noté
que la photographie en couleurs était seulement expérimentale.
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- LE DÉCLENCHEMENT À
DISTANCE
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A. Batut avait
le choix entre plusieurs techniques mais la plus part étaient
lourds. Comme pour les autres parties, A. Batut préféra
une solution légère. Il prit la plus légère
et la plus sûre: le retardateur à mèche.
Il fit des tests et le moment du déclenchement était
mesuré et vérifié..
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Jusqu'à ce que l'électronique
remplace tous les autres systèmes, la mèche
a été utilisée par des générations
d'aérophotographes, comme disait Batut "simple,
primitif même, fonctionnant invariablement au moment
exact que l'on a marqué d'avance"
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INVENTION
DE LA PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE AVEC CERF-VOLANT
Arthur
BATUT a vraiment
défriché l'aérophotographie et il est
l' inventeur de
la photographie aérienne par cerf-volant.
La première
photographie connue est l'une des deux épreuves qu'il
a envoyé à Gaston Tissandier en août1888.
Ensuite,
la première publication relatant une photographie
aérienne par cerf-volant est la chronicle de Tissandier
dans le magazine hebdomadaire La Nature le 25 août
Arthur
Batut a rapidement amélioré sa technique.
La photographie de Labruguière du 29 mars 1889 et
publiée dans son livre est exposée ici. La ligne du cerf-volant est visible au
bas de l'image.
Il
n'existe aucune autre preuve justifiée sur l'invention
de l'aérophotographie par cerf-volant. Toute autre
sorte d'allégation d'invention avant 1888 est tout
bonnement historiquement infondée.
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PREMIÈRE
PHOTOGRAPHIE
La première
photographie aérienne avec cerf-volant connue a été
prise par Arthur Batut en mai1888.c'est une vue perspective
de 8x10 cm, et, comme l'écrivait Tissandier, encore
imparfaite.
Cette épreuve
est conservée à l' ESPACE ARTHUR BATUT à
Labruguière, Tarn, France. Elle a été
intitulée par Batut "Le chemin et le ruisseau".
Elle représente aussi une haie d'arbres et des meules
de foin. La fenaison dans cette région se faisant
de fin avril à fin mai, la date de cette vue est
authentifiée. C'est la première photographie
aérienne par cerf-volant en géomorphologie
et en enquête agricole.
AUTHENTICITÉ HISTORIQUE
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Toutes les
informations et toutes les données fournies sur cette
page proviennent de documents historiques, ou d'informations
et de données délivrées par les fondations
préservant l'héritage historique. Elles ne
sont pas basées sur les sources non vérifiées
d'autres auteurs.
La véracité
de ces informations est établie en tant qu'historique
de la photographie aérienne par cerf-volant..
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- BRÈVE BIBLIOGRAPHIE
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LA NATURE articles parus 25 août 1887; 28 février
1888; 23 mars 1889; 15 mars 1890; 26 septembre 1891;
2 janvier 1897.
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KAPWA magazine, juillet 1986
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Un aperçu
historique à recommander sur le cerf-volant et sur
l'aérophotographie dans les pages d'Andrea
Casalboni.
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LA
PRIMAUTÉ D' Arthur BATUT
Il n'existe
aucun doute historique sur la primauté d'Arthur Batut
sur l'invention de la photographie aérienne par cerf-volant.
Il y a des documents historiques, des faits rapportés
par des témoins, beaucoup de photographies conservées
et d'équipement pour le prouver.
Il est bien
connu qu'une allégation d' E. Douglas Archibald en
1897 a été répandue depuis 1967. En
1986 KAPWA magazine a publié une investigation historique
montrant que cette allégation n'avait pas été
vérifiée et démontrant qu'il s'agissait
d'une fausse-vérité.
J'ai
refait une nouvelle analyse des documents historiques. Cette
investigation établit sans aucun doute possible la
primauté d'Arthur Batut et son invention. Elle inclut
toutes les références et tous les extraits
des documents historiques.
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